lundi 9 juin 2008

DON JUAN

Hier...

La comédie appelée Don Juan ou Le Festin de Pierre, écrite en 1665, montre un homme qui ne croit à rien. Son plaisir est sa seule loi. Don Juan court d’ amour en amour, de femme en femme; il se monque quand on lui parle de devoir, de justice, de religion et de Dieu.
Molière a écrit cette pièce, sans l’ ordre du roi, pour s’ attaquer aux grands seigneurs, méchants hommes.
La querelle de Tartuffe se prolonge dans la polémique provoquée par Don Juan. L’ abbé d’ Aubignac, dans un chapitre inédit qu’ il a ajouté à sa Pratique de Théâtre, declare que la pièce “a donné beaucoup de peine aux gens de bien et n’ a pas fort contenté les autres”[1].
Un certain B.A., sieur de Rochemont, avocat en Parlement lui accuse: “Si le dessein de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Molière est de les perdre en les faisant rire, de même que ces serpents dont les piqûres mortelles répandent une fausse joie sur le visage de ceux qui en sont atteints”[2]. Et il continue: “C’ est par ces degrés que Molière a fait monter l’ athéisme sur le théâtre; et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes qui étouffent la pudeur et la honte, après avoir pris soin de former des coquettes et de donner aux filles des instructions dangereuses, après des écoles fameuses d’ impureté, il en a tenu d’ autres pour le libertinage, et il marque visiblement, dans toutes ses pièces, le caractère de son ésprit”[3].
Un autre curé, appelé Roullé, proteste dans son pamphlet: “sa farce, après l’ avoir bien conside –
rée, est vraiment diabolique, et vraiment diabolique est son cerveau”[4].
La pièce est presentée au Palais-Royal où se pressent nombreux spectateurs. Mais les dévots ont accusé de nouveau Molière d’ être um ennemi de l’ ordre et de la religion. Au bout d’ une quinzaine de jours, Molière retire la pièce et ne la rejouera jamais.



[1] Abbé d’ AUBIGNAC, La Pratique de Théâtre, édition Pierre Martino, Alger, Carbonel, 1927, p. 330. dans Lectures de Molière, chapitre I, p. 34.

[2] René VOYER D’ ARGENSON, Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement, éd. cit., p.235. Ibid., p. 35.

[3] Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de Pierre, par B.A.Sr.D.R.avocat en Parlement, Paris, N. Pépingué, 1665. p. 1200. dans Lectures de Molière, p. 35.

[4] Ibid. p. 1202. Ibid. p. 35.

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